Walter Bonatti : Portrait d'une légende

La droiture du Pilier Bonatti

Ce supplément d'âme est particulièrement visible dans le tracé de la voie mais elle se traduit aussi par les conditions très exigeantes dans lesquelles Bonatti a réalisé son pilier.
En effet, les cinq premiers jours se passent avec une escalade vertigineuse jalonnée par des pitons parfois aléatoire. Mais, l'aléa ou l'Aventure devrait-on dire, connaît son paroxysme au sixième jour. Au pied d'une fissure surplombante infranchissable, Walter Bonatti s'interroge sur la façon dont il peut se sortir de ce guêpier. Mais, à droite comme à gauche, les dalles lisses ne laissent espérer aucune traversée. Et, puis, en dessous, les systèmes rocheux complexes qu'il vient de gravir n'autorisent aucune possibilité de descente.
Une fois encore, Bonatti se distingue particulièrement dans les situations difficiles et par sa créativité. Ce dernier compose alors une sorte de grappin avec tout le matériel qui lui reste puis tente de "harponner" une écaille afin de penduler et de se dégager de ce mauvais pas. Son opiniâtreté finit par payer à la dixième tentative d'amarrage !
La man?uvre est proprement époustouflante. Mais, il n'hésitera pas à reproduire le procédé qui lui ouvrira l'accès au sommet, un sommet qui lui rendra définitivement son âme et son goût de chanter.

Le retentissement du pilier Bonatti ne se fait pas attendre et, fidèle à lui-même, il livre ses récits aux grands hebdomadaires populaires d'Italie comme de France.
Outre cette incroyable ascension qui lui vaut une forte reconnaissance publique, il semble bien que le bénéfice le plus important du pilier sud ouest des Drus soit d'ordre existentiel. Les valeurs qui sont les siennes retrouvent une place et une cohérence dans sa vie. Cette force retrouvée lui donne un nouveau souffle en montagne où il réalisera de magnifiques performances, particulièrement dans le massif du Mont Blanc.