Si les gelures font penser à l'amputation, cette intervention
ultime est en fait extrêmement rare : aujourd'hui, la connaissance
du mécanisme de la gelure et les moyens thérapeutiques ont
bien progressé.
Les manifestations localisées aux extrémités exposées
à une température supérieure à 0° ne sont
que la conséquence d'un mauvais fonctionnement de la circulation
sanguine périphérique.
Par contre, les gelures sont la conséquence du gel des tissus
et de l'arrêt de la circulation. Elles n'apparaissent qu'après
une exposition de plusieurs heures à des conditions hivernales rigoureuses,
dans tous les cas à une température inférieure à
0°.
La gelure
Elle s'installe d'une manière insidieuse à la suite d'une
exposition de plusieurs heures à un froid vif (nettement inférieur
à 0°C).
La perte de sensibilité, l'aspect blanc des extrémités
sont les seuls signes d'alarme. Encore faut-il enlever gants et chaussettes
pour s'en rendre compte... Sur le visage, la gelure apparaît sous
forme de taches blanches qui disparaissent rapidement en se couvrant d'un
foulard ou d'une cagoule.
L'étendue et la gravité de la gelure est impossible à
évaluer avant le réchauffement. En montagne, celui-ci ne peut
être entrepris que dans un lieu protégé, d'où
l'évacuation pourra être organisée.
L'onglée
Sous l'action du froid, les doigts deviennent blancs, avec une sensation
d'engourdissement, de "doigts morts". L'onglée s'installe
sournoisement, sans douleur.
La phase de réchauffement est très douloureuse, elle s'accompagne
de nausées. Les doigts retrouvent progressivement une coloration
qui passe du bleu au rouge.
Après le réchauffement, le sujet éprouve une agréable
sensation de chaleur et malgré le froid persistant, les extrémités
semblent protégées d'une nouvelle onglée. "L'onglée
du matin" de l'alpiniste, une fois réchauffée, lui permet
de grimper à mains nues.
JP Herry, medecin de l'ENSA