L'ascension des sommets de plus de 8 000 mètres sans oxygène
demeure un "nec plus ultra" depuis que Reinhold Messner a
démontré que la chose était possible à l'Everest.
Mais, depuis quelques années, les projets de descente à ski
(ou en surf) depuis les plus hauts sommets de la planète se multiplient
et une nouvelle génération de grimpeur-glisseur émerge.
Tomas Olsson fait sans doute partie de ceux-là, il nous raconte
ici son trip à ski à 8 201 mètres d'altitude, réalisé
à l'automne dernier sur le versant tibétain.
alpinisme.com vous emmène sur les pentes himalayennes et sur les
traces du skieur suédois.
PORTRAIT
Nom : Olsson
Prénom : Tomas
Nationalité : Suédoise
Ville de résidence : Chamonix
Date de naissance : 18/03/76
Taille : 1m95
Poids : 90 kg
Métier : skieur
Sponsors : Bergans of Norway, Silva Sweden, Focalpoint et aussi Atomic,
Baron, Bavac, Black Diamond, Camelbak, Dynafit, Julbo, Maxim, Olympus, Primus,
Scarpa, Sätila, Thule, Ulvang.
Depuis combien de temps rides-tu ? J'ai sérieusement commencé
il y a 14 ans.
Principales réalisations à ski : Aiguille du Midi (Chamonix)
:Mallory-Porter et Couloir Eugster Diagonal ; Mont Blanc du Tacul (Chamonix)
: Couloir du Diable. Aconcagua (Argentine) : directe des Polonais. Enchaînement
de deux plus de 7 000m : Mustagh Ata-Kuksay Peak (Chine).
alpinisme.com : Comment t'es venu l'idée de ce projet ?
J'ai toujours été fasciné par la montagne. J'ai
simultanément commencé à grimper et à skier
en Suède puis dans les Alpes où les montagnes proposaient
des altitudes et des pentes plus importantes.
alpinisme.com : Et tu as voyagé de plus en plus loin ?
D'abord dans les Alpes, j'ai commencé à descendre des faces
raides comme la face Nord de l'Aiguille du Midi à Chamonix. Et puis,
je suis parti avec des copains pour ma première expédition
dans les Andes, à la directe des Polonais à l'Aconcagua (6
962m.) et après ça s'est enchaîné naturellement.
alpinisme.com : Quel est ton parcours ?
J'ai choisi des sommets toujours plus hauts. Je suis parti au Kirghizistan
où j'ai fait la descente du Pic Lénine (7 134m.). Puis, je
suis allé à la frontière sino-pakistanaise un an plus
tard pour enchaîner deux sommets : le Mustagh Ata (7 546m.) et son
"frère jumeaux" le Kuksay Peak (7 186m.).
alpinisme.com : Et les 8 000 ?
C'est clair que les 8 000 sont les plus hauts et qu'on ne retient en
général que 14 de ces sommets, ce qui donne une impression
d'un espace très exclusif et remarquable, mais me concernant, le
fait qu'il s'agisse d'un 8 000 n'était pas aussi marquant que pour
les personnes qui regardent ce projet de l'extérieur.
alpinisme.com : Comment s'est déroulé le projet ?
Tout d'abord, l'arrivée à Katmandou a été
assez problématique, non pas à cause des mouvements maoïstes
qui font souvent parler d'eux mais à cause des événements
en Irak.
alpinisme.com : Comment "allait" Katmandou ?
Le Népal n'échappe pas à la prise des otages en
Irak et plus de dix ressortissants ont été assassinés
au moment de notre arrivée.
alpinisme.com : Comment les Népalais réagissent à
cette situation ?
Très violemment en s'attaquant à des lieux en rapport avec
les musulmans comme l'agence de Gulf Air ou Qatar Airways ou des mosquées.
alpinisme.com : Comment as-tu vécu cette période troublée
Pour nous c'était assez lourd de chercher les dernières
fournitures manquantes à l'expédition dans ces conditions
parce que beaucoup de commerçants avaient baissé le rideau
de fer.
alpinisme.com : N'étais-ce pas dangereux ?
Lorsque vous croisez des personnes passablement excitées, armées
de bâtons et allumant des feux ça et là, vous n'avez
pas spécialement envie de traîner Donc, l'arrivée, on
peut le dire, a été assez spéciale.
alpinisme.com : Comment avez-vous quitté Katmandou ?
On a quitté le Népal avec un bus qui traverse un haut plateau
pour nous acheminer au Tibet.
alpinisme.com : Quelle impression gardes-tu de ton arrivée au
Tibet ?
Comme beaucoup de gens je crois, mon arrivée au Tibet est profondément
associée au fait que j'y ai attrapé froid !
alpinisme.com : Est-ce que cela t'as beaucoup gêné ?
Pendant la traversée du haut plateau, j'ai attrapé une
sérieuse bronchite qui ne m'a pas quitté durant deux longues
semaines.
alpinisme.com : C'est très long, non ?!
J'ai dû prendre mon mal en patience en espérant pouvoir
rejoindre mes partenaires au camp de base et ces deux semaines ont été
assez pénibles à vivre.
alpinisme.com : A cause de la maladie ?
Bien sûr, il y avait la bronchite elle-même qui n'était
pas agréable à vivre, mais elle me contraignait surtout à
rester vers 4 500m.
alpinisme.com : Comment s'est passé ta "convalescence
" ?
Dans un Lodge lugubre où n'y avait rien d'autre à faire
qu'à limiter la voracité de certains chinois prêts à
tirer le meilleur profit de ma triste situation. Leurs prix connurent aussi
la fièvre, on me demanda jusqu'à 33 dollars la nuit !!!
Alpinisme.com : C'était la lutte pour la survie ?!
Après 14 jours de luttes incertaines contre mes différents
prédateurs, mon arrivée au camp de base a été
vraiment un moment émouvant.
alpinisme.com : Pourquoi ?
J'étais inquiet à l'idée de gagner de l'altitude
avec cette récente bronchite parce que les risques d'oedème
pulmonaires sont sérieux dans ces conditions.
Suite de l'interview
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