alpinisme.com : Après cela, vous avez changé de coin ?
Yannick : On est partis en Inde avec l'idée de faire un 7 000m. techniquement dur. Greg Sauget était aussi avec nous comme à l'expé précédente.
Christian : C'était vraiment la première fois qu'on tentait quelque chose de dur au-dessus de 7 000 en style alpin. On avait dans l'idée de faire le pilier du Chaukamba mais on s'est reporté sur un autre itinéraire une fois sur les lieux.
alpinisme.com : Je crois savoir que ça n'a pas été – non plus – une expé de tout repos ?
Christian : Les conditions étaient dures, avec beaucoup de neige. On a perdu beaucoup de temps avec ça.
Yannick : On a particulièrement galéré pour acheminer notre matos. Les porteurs laissaient les charges au début du glacier. Ca veut dire qu'il restait encore 30 kilomètres à faire sur ce glacier qui était recouvert par un mètre de neige ! On s'est fait un paquet d'allers-retours avec 25 kil sur le dos.
alpinisme.com : Et les choses se sont arrangés une fois dans la voie ?
Christian : Pas vraiment ! On a explosé nos sacs de hissage, on était trop lourd, on n'avait pas la bouffe qu'il faut, on était pas bien préparé.
Yannick : Mais, c'est une expé qui nous a vachement agguérri. Si on n'avait pas été flexible, on aurait rien réussi du tout.
Christian : C'était la première fois qu'on faisait un truc de niveau TD-ED à 7 000m. en pur style alpin.
alpinisme.com : Vous êtes repartis tous les trois ensemble au Pakistan l'année suivante ?
Christian : Oui, mais Patrick a du repartir assez vite car la météo était vraiment pas bonne.
Yannick : On était parti avec le même principe, trouver des endroits paumés, et ouvrir.
alpinisme.com : La météo ne s'est pas arrangée ?
Yannick : Au Pakistan, les créneaux sont météo sont hyper courts. Il fait mauvais, mauvais, mauvais, beau trois jours, puis, mauvais, mauvais. Alors, t'as intérêt à être bon quand le créneau est là.
Christian : On a essayé un truc superbe au Pumari Kish. On a du s'arrêté à 6 950m. parce que les conditions étaient trop mauvaises, il y avait beaucoup de neige et des gros risques d'avalanche. Mais, c'était une belle tentative.
alpinisme.com : L'année suivante, vous vous êtes mis d'accord sur le Tibet ?
Christian : Oui, on a décidé à passer des 7 000 au 8 000 mètres. A l'origine, on s'était fixé sur l'arrête Est du Makalu, mais c'était beaucoup trop ambitieux. En fait, on n'avait pas trop de photos avant de partir, alors on s'est dit qu'on verrait bien sur place.
alpinisme.com : Et comment c'était une fois sur les lieux ?
Christian : On a fait une petite tentative sur l'arrête Est mais c'était sous vent dominant, gavé de neige et d'ice flute.
alpinisme.com : Qu'avez-vous fait alors ?
Yannick : On a basculé sur l'arrête Sud Est.
alpinisme.com : Et tu es le seul à avoir eu les honneurs du sommet en finissant en solo ?
Yannick : Oui. Au Makalu, j'ai compris beaucoup de choses. Pour l'altitude en particulier.
alpinisme.com : Et, récemment, vous vous êtes donc tous les trois distingués au Chomo Lönzo. Comment expliquez-vous les bons résultats de ce trio. ?
Christian : L'entente fonctionne sur la base des expériences précédentes. Il n'y a pas de surprise.
Yannick : Et puis, on a mis au point un système de vote majoritaire pour prendre nos décisions en commun et ça fonctionne bien. On est assez flexible.
Christian : Au final, il peut y avoir des clashs mais on est capable d'encaisser, ça ne fait pas exploser le groupe.
alpinisme.com : Merci à vous.
Les réalisations du TGW
* 1998 : oct-nov. Trois sommets au Népal. Singkar 6100m, Kusum Kanguru 6250m (nouvelle voie), Baruntse 7220m.
* 2000 : oct. Annapurna, face sud (nouvelle voie), échec à 7500m.
* 2002 : sept-oct. Chaukamba 7070m (nouvelle voie), Baghirati 6800m, Shivling 6500m. Inde. Avec TGW et Greg Sauget.
* 2003 : Printemps. Pumari Kish 7 350m, échec à 6950m (nouvelle voie et première ascension du sommet), Pakistan.
* 2004 : avril-mai. Makalu 8463m, versant est. Sommet pour Yannick Graziani.
* 2005 : avril-mai. Chomo Lönzo, 7796m, versant est (nouvelle voie et première ascension d'un sommet).
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