Les phénomènes physiopathologiques conduisent à
différencier trois types d'hypothermie, très différentes
dans l'approche thérapeutique :
* L'hypothermie aigüe
L'agression du froid est si vive que la thermogénèse ne
parvient pas à maintenir l'équilibre ; l'organisme se refroidit
avant que les réserves énergétiques ne soient épuisées
et que les modifications volémiques ne s'installent. C'est l'hypothermie
de l'alpiniste ou skieur blessé immobilisé dans la neige,
une crevasse ou un torrent.
* L'hypothermie subaiqüe
C'est celle de l'alpiniste indemne bloqué en montagne. Elle n'intervient
que lorsque les réserves sont épuisées et s'installe
donc plus ou moins vite en fonction de l'état énergétique
initial de la victime. La thermogénèse étant diminuée
de façon importante, le réchauffement spontané est
plus aléatoire et le refroidissement peut continuer même en
cas de fuite calorique minime. D'autre part les déplacements liquidiens
ont le temps d'apparaître et le risque d'hypovolémie est grand
lors du réchauffement.
* L'hypothermie subchronique
On la rencontre dans les milieux défavorisés, en hiver.
L'installation est très lente, les mouvements liquidiens inter-compartimentaux
sont importants, spontanément compensés par un accroissement
des apports hydriques, avec un risque oedémateux marqué lors
du réchauffement.
Tout blessé grave de montagne est suspect d'hypothermie
La réponse inadaptée du traumatisé, en particulier
de l'abdomen, du rachis et du crâne font que l'hypothermie s'installe
rapidement chez ces blessés en altitude. Une victime correctement
équipée mais sérieusement blessée, peut atteindre
30° en moins d'une heure, par beau temps, à 4000 m, dans le massif
du Mont-Blanc.
Tout hypotherme est suspect de traumatisme interne.
L'organisme peut résister plusieurs jours à l'agression
du froid s'il est exempt de toute tare.
JP Herry, medecin de l'ENSA