L'ASCENSION DU MONT-BLANC |
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Qui n'a pas revé un jour de fouler le Toit de l'Europe ? Mais la montée au Mont-Blanc n'est pas une entreprise à sous-estimer. Quelque soit l'itinéraire envisagé, c'est une "grande bambée" à laquelle il faut se préparer. | |
L'ALTITUDE à quatre mille huit cent mètres, la pression partielle en oxygène est réduite de moitié par rapport au niveau de la mer. Si donc vous arrivez du niveau de la mer il y a, statistiquement, une chance sur deux pour que vous manquiez le sommet à cause du manque d'acclimatation à l'altitude. Céphalée, nausée, jambes en coton sont les symptomes d'une mauvaise acclimatation . Une bonne acclimatation, en revanche, permet à l'organisme de fabriquer en surnombre des globules rouges sur lequel pourront se fixer les molécules d'oxygène indispensables à tout exercice physique. |
LE CHOIX DE L'ITINERAIRE |
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Les versants Est et Sud sont les versants les plus raides. Ils présentent des itinéraires de grande envergure qui s'adressent uniquement aux alpinistes chevronnés. Le versant Ouest, un peu moins raide est aussi appelé l'Himalaya du Pauvre à cause du dénivelé impressionnant (2400 m) de cette face. Le Mont-Blanc est à ma connaissance la seule montagne à bénéficier de quatre "voies normales" techniquement Peu Difficiles ; elles se répartissent entre les aretes Nord-Ouest et Nord-Est. Les 4 itinéraires : par le Gouter et l'arete des Bosses c'est certainement l'itinéraire le plus emprunté. 1er jour : montée (5 à 6h.) au Refuge du Gouter (3817 m.) depuis le Nid d'Aigle (2372 m.) que l'on rejoint avec le Tramway du Mont-Blanc. Un sentier (enneigé en début de saison) balisé en rouge mène tout d'abord au Refuge de Tete Rousse (3167 m.) , puis c'est ensuite l'ascension de l'Aiguille du Gouter avec la traversée du Grand Couloir, l'endroit le plus meurtrier des Alpes du fait des nombreux passages. Le risque de chutes de pierre y est particulièrement important et d'autant plus aux heures chaudes de l'après-midi. Un cable, pas toujours pratique d'utilisation, est tendu en travers du couloir pour sécuriser le passage. 2ème jour : après une nuit souvent agitée à cause de l'altitude et de la surfréquentation, départ à la frontale vers deux ou trois heures du matin vers le Dome du Gouter (4300 m.) puis le Col du Dome que l'on atteint au lever du jour et le Bivouac Vallot (4362 m.). Toute cette section est très "pomatoire" en cas de mauvais temps. Le Bivouac Vallot est d'ailleurs prévu uniquement pour les alpinistes en détresse. Viennent ensuite les deux Bosses, les Rochers de la Tournette, puis l'arete sommitale, relativement effilée, ou le croisement des cordées peut parfois s'avérer délicat . 4 à 5 h. en tout . On peut opter aussi, au départ, pour une nuit au Refuge de Tete Rousse, ce qui rallonge la course du lendemain, mais cela permet la traversée du Grand Couloir dans de bonnes conditions et une ascension du Mont-Blanc "décalée" après un petit dèj confortable au Gouter (pas avant 7 h.) par la traversée des trois Monts-Blancs : peut-etre la plus belle, en tout cas la plus raide. 1er jour : depuis l'Aiguille du Midi (3800 m.) on rejoint facilement en 45 mn. le Refuge des Cosmiques (3613 m.) plus confortable et plus spacieux que son homologue du Gouter. 2 ème jour : lever 1 h. et montée de nuit jusqu'à l'Epaule du Tacul (4100). Les rimayes peuvent etre parfois délicates à franchir particulièrement en fin de saison. On peut noter aussi le risque de chute de séracs au début de la pente. On rejoint ensuite le Col Maudit, puis montée à la Brèche du Maudit. Pente raide et exposée (60 m. à 45 ¡) à la fin. La traversée pour rejoindre le début de la pente est exposée aux chutes de séracs. On traverse ensuite pour rejoindre le Col de la Brenva (4303 m.). De là l'échappatoire du Corridor permet de rejoindre l'itinéraire des Grands Mulets en cas de mauvais temps. Vient ensuite le Mur de la Cote, raide mais court, puis après un replat, la dernière pente (longue) qui amène au sommet. 5 à 6 h. en tout. par les Grands Mulets : c'est l'itinéraire le plus couramment privilégié en ski ou à la descente en été. 1er jour : depuis la Gare du Plan de l'Aiguille (2310 m.), montée (4 h.) au Refuge des Grands Mulets (3057 m.) , sentier d'été par la Gare des Glaciers , itinéraire ski un peu plus haut . On se méfiera des chutes de pierre et des chutes de séracs en traversant sous le Glacier Rond. On rejoint ensuite le Glacier de la Jonction particulièrement crevassé d'une manière générale; encordement longue distance indispensable. 2ème jour : grosse bambée en perspective (7 a 8h. de montée). Départ à 1 h. du matin. On rejoint d'abord une zone crevassée sous l'Arete Nord du Dome, puis montée au Petit Plateau que l'on traverse rapidement car fortement exposé au chute de séracs. C'est ensuite le Grand Plateau et Le Col du Dome ou l'on rejoint l'itinéraire de l'Arete des Bosses. En fin de saison, il peut arriver que l'itinéraire ne passe plus à cause des crevasses ; renseignez-vous au Refuge. Par bonnes conditions, on peut éviter l'exposition aux chutes de séracs du Petit Plateau en gravissant l'arete Nord du Dome : un peu plus long mais nettement plus sur. par la Route des Aiguilles Grises : assurément l'itinéraire le plus sauvage. C'est aussi la voie normale italienne, elle est comparable, en distance, à l'itinéraire des Grands Mulets. 1er jour : remontée du Glacier de Miage Italien jusqu'à la base de l'Arete des Aiguilles Grises que l'on dépasse un peu pour découvrir le sentier qui conduit au refuge de Gonella (3071 m.) situé en rive droite du Glacier du Dome. 5 à 6h. depuis la route du Val Veni. 2ème jour : remontée du Glacier du Dome, parfois très crevassé en fin de saison, jusqu'au Col des Aiguilles Grises (3810 m.) , puis par l'arete au Piton des Italiens (4007 m.). On rejoint ensuite le Dome du Gouter par l'arete qui fait suite ; on y retrouve l'itinéraire de l'Arete des Bosses. 7 à 8 h. en tout. |
DANS TOUS LES CAS IL EST INDISPENSABLE DE RESERVER LES NUITS EN REFUGE |
REF. DU GOUTER : 04 50 54 40 93 REF. DE TETE ROUSSE: 04 50 58 24 97 REF. DES COSMIQUES : 04 50 54 40 16 REF. DES GRANDS MULETS : 04 50 53 16 98 REF. GONELLA : 00 39 165 88 51 01 |
LES CONDITIONS |
Quelquesoit l'itinéraire envisagé, de bonnes conditions sont indispensables
à la réussite du projet. Nivo/météo : le mauvais temps au Mont-Blanc vient souvent de l'Ouest, il peut vite transformer la course en épopée dramatique. Je pense en particulier à la montée au Dome du Gouter ou, de nuit, mal réveillé, on se met dans la queue sans réfléchir avec le vent dans le dos. On peut se réveiller en pleine tempete au sommet du Dome et au lever du jour, le visage cinglé par le grésil au moment de faire demi-tour. Les traces de montée ont disparu, la carte, la boussole et l'altimètre peuvent alors s'avérer indispensables pour retrouver son chemin. Sur la traversée, les pentes du Tacul et du Maudit ne sont pas anodines. Ce sont des pentes sous le vent ou, par mauvais temps, se forment des plaques instables que les vieux routards de l'Alpe laissent volontiers tracer par les alpinistes impatients ... Meme par beau temps, le vent peut aussi vous faire louper le sommet : 80km/h de vent est une limite maximum à ne pas dépasser sur l'arete sommitale. Dans tous les cas on prendra soin d'appeler la météo (08 36 68 02 74) tout en sachant bien sur qu'il ne s'agit pas d'une science exacte. Condition physique : une bonne condition physique est indispensable, elle vous permettra de pallier, dans une certaine mesure, au manque d'acclimatation et de mieux apprécier l'ascension. Une habitude aux efforts longue durée, marche à pied, jogging vélo, etc. ..., vous permettra de mieux gérer votre effort. Dans tous les cas, c'est toujours la dernière pente la plus dure, mais il faut "en garder sous la semelle" pour la descente. Les horaires indiqués ci-dessus sont approximatifs et ne tiennent pas compte de la descente. On voit trop souvent des descentes se transformer en calvaire. |
LE MATERIEL INDIVIDUEL |
la canicule dans la vallée n'empeche pas de se retrouver en plein hiver
au sommet du Mont-Blanc avec des températures pouvant descendre jusqu'à
-15 ou -20 degré. On prendra donc soin d'avoir un équipement adapté et en bon
état. Il arrive cependant (rarement !) qu'on puisse se retrouver en T-shirt
au sommet. Les pieds : c'est la pièce maitresse à laquelle on apportera le plus grand soin. On évitera de partir avec des chaussures neuves. - Chaussures de haute-montagne donc, déjà rodées, chaudes et pas trop serrées. - Chaussettes chaudes. Les mains : une paire de gants chauds, éventuellement sous-gants, plus une paire de rechange Le corps : principe multicouche - surpantalon et surveste de type Gore-Tex - sous-vetements en textile moderne type Dunova, Capilène, etc... - une fourrure polaire plus une chemise ou un sweat shirt - un petit rechange La tete : là-haut, la capuche n'est pas un luxe. - un bonnet (les oreilles ça gèle) - une paire de lunette haute protection plus éventuellement un masque. Matériel technique : - Crampons à attaches rapides qu'on aura pris soin de régler avant le départ. - un piolet (60 à 70 cm.), éventuellement batons de skis - un baudrier - un casque pour la montée au Gouter - une lampe frontale avec pile neuve - un sac à dos (40 à 50l.) - une gourde ou thermos ou les deux , ou camel bag mais l'eau risque de geler dans le tuyau. - vivres de course pour soutenir l'effort - une couverture de survie - éventuellement une petite "doudoune" Petite pharmacie : contenant : - aspirine - somnifère léger - crèmes solaire et labiale haute-protection - Elastoplast (en prévention des ampoules) - compeed (pour réparer les ampoules) |
LE MATERIEL COLLECTIF |
le responsable de la cordée doit etre en mesure de le définir et surtout
de l'utiliser à bon escient, mais pour mémoire :
la corde : son diamètre ne doit pas etre inférieur à 8,5 mm. . Sa longueur dépend du nombre de personnes dans la cordée et de l'itinéraire emprunté, sachant que la distance de sécurité sur glacier crevassé est de 15 m. entre chaque membre de la cordée, longueur ramenée à deux ou trois mètres pour un parcours d'arete. 60 m de corde peuvent etre utile pour sécuriser la montée à (et surtout la descente de) la brèche du Maudit. matériel de sécurité : une ou deux broches à glace, trois ou quatre mousquetons, autoblocants, sangles, etc. ... |
BONNE COURSE Vous avez maintenant tous les renseignements pour gravir le Toit de l'Europe, mais pour finir, ne partez jamais seul et prévenez toujours quelqu'un dans la vallée de votre destination. Si vous n'avez jamais mis les pieds en haute-montagne ou si vous jugez votre expérience insuffisante, n'hésitez pas à engager un guide. Michel Bordet |