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Les acteurs du matos - Entretien avec Jean Marc Desriac, 35 ans. - Snell Sports

Jean Marc, acheteur et vendeur de matériel de montagne pour les magasins SNELL n'est pas seulement un "pro" avec toute ses lettres de noblesse, c'est également une vraie figure dans l'univers du matos. Ses qualités et ses compétences sont reconnues chez les fabricants comme chez les clients de toutes nationalités et de niveau confondus.



En quoi consiste ton métier ?

Il y a plusieurs phases dans mon métier. Je m'occupe des achats donc je me renseigne sur l'actualité des produits et sur leur bien-fondé. Si j'en ai réellement besoin en magasin, si le produit correspond bien à un besoin de la clientèle, s'il est bien adapté, alors j'achète et ensuite, je dois le vendre au client. Voilà les 2 phases du métier.


En combien de temps devient t'on un vendeur de "matos" de montagne digne de ce nom ?

C'est difficile. Tu peux avoir une très bonne connaissance du matériel que tu utilises. On va dire qu'un jeune alpiniste qui a commencé relativement tôt sait parfaitement que son piolet ou son crampon est efficace dans telle situation et pas dans telle autre. Ensuite, de là à s'adapter à la clientèle, surtout ici à Chamonix, on a une clientèle très très vaste, qui va du randonneur basique jusqu'à l'alpiniste très confirmé. Donc, donner un temps de "formation" d'un vendeur, c'est très délicat. Je dirais, quelques années.


Et toi, depuis combien de temps tu fais ce métier ?

15 ans dont 12 ans à Chamonix. J'ai commencé à vendre du matériel de montagne dans un magasin de Samoëns. Le matériel était plus simple, moins technique qu'à Chamonix. A Chamonix, on voit la montagne différemment mais Samoëns, c'est déjà de la montagne.



Comment s'établissent les liens entre un vendeur et un client ?

Il faut d'abord mettre en confiance les clients, c'est pas évident. Aujourd'hui, trouver des vendeurs qui soit à la fois des grimpeurs, des alpinistes ou qui ont déjà des bases dans ce domaine et qui savent parler du matos, c'est pas simple. C'est ce que je te disais précédemment, tu peux très bien être un alpiniste de haut niveau et ne pas pouvoir parler de matos de manière adaptée. Par exemple, pour choisir un piolet, il pourra dire celui-là, il me va très bien mais il ne saura pas identifier le piolet adapté à tel type de client et ne pas voir la différence entre 2 piolets qu'il n'utilise jamais. Pour le ski, c'est encore plus évident, un bon skieur va être à l'aise sur tous les skis alors qu'un débutant ou un skieur moyen aura besoin d'un matériel accessible, qui le mette en confiance donc il faut se mettre à la place du client et ça, c'est difficile. C'est d'autant plus difficile que la plupart du temps, on a des vendeurs saisonniers qui sont des grimpeurs avant tout et qui ont du mal à se mettre à la place d'un grimpeur moyen. C'est particulièrement vrai à Chamonix, on peut avoir un petit peu de condescendance quant au niveau technique. A mon avis, le plus dur dans ce métier c'est ça : c'est savoir se mettre à la portée de tout le monde et écouter, écouter, écouter.


Est-ce que tu penses que la façon de sélectionner le matos à Chamonix est un peu élitiste ?

Je dirais oui, c'est un choix. Et ce choix correspond à nos impératifs économiques. Aujourd'hui, nous sommes dans une guerre économique et si Chamonix oublie ce pourquoi il est, nos magasins n'ont alors plus de raison d'exister. Aujourd'hui, tu peux trouver un équipement de qualité partout ailleurs en France. Si toi, tu n'es pas capable de trouver la chaussure qui va à 8000 mètres avec laquelle tu as chaud, si tu ne peux pas fournir le ski ultra léger pour partir à l'aise en Himalaya, tu n'as plus de raison d'être. Tu dois être différent, tu dois t'engager sur des produits rares tout en offrant un choix suffisamment large afin de n'oublier personne.


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