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Expédition dans la cordillère de Darwin.



Automne 2009, une expédition d'alpinisme a tenté la première traversée intégrale est-ouest de la cordillère Darwin, à l'extrême sud de la Patagonie. Cette expédition singulière renoue avec l'esprit des grandes explorations du XIXe siècle en réunissant des alpinistes, des scientifiques, des photographes et cameramen et un écrivain voyageur.
Ce projet est lauréat du « Millet Expédition Project » (catégorie scientifique).
Le projet « Un rêve de Darwin » est également l'objet d'une étude sur le management d'équipe et du leadership stratégique dans des situations hautement risquées et incertaines. Ce programme de recherche, élaboré par des chercheurs en gestion de l'Université Paris10, l'Université de Nice Sophia Antipolis et HEC Montréal, a été sélectionné par l'ANR (Agence Nationale de la Recherche) et bénéficie de son soutien financier.

Entretien avec Yvan ESTIENNE Chef de l'expédition 2009.

Yvan, tu es Guide de Haute Montagne, et à l'origine de bon nombre d'expédition de par le monde. Comment ce projet a-t-il été monté?

C'est la rencontre avec un ami, François Neukirch, qui a été le déclencheur. Nous étions en fin d'expédition en Mongolie lorsqu'il m'a dit et la prochaine c'est où? Monte un projet et moi je m'occupe de trouver le financement. C'était dans ma tête mais je n'ai rien fait de concret rapidement et lorsqu'il m'a relancé lors d'une course en montagne je me suis mis à imaginer un projet original. Nous avons trouvé des sponsors et des mécènes.


Pourquoi avoir choisi la cordillère de Darwin, en Patagonie, sachant que c'est l'un des endroits les plus hostiles au monde?

Nous voulions un lieu peu connu, difficile d'accès et par conséquent peu voir pas du tout, dans certaines zones, parcouru. Nous savions que le climat est très capricieux dans cette contrée et nous étions prêt moralement et physiquement. C'est un endroit au climat hostile mais les paysages sont époustouflants et puis la mer, la montagne, les glaciers gigantesques nous font vite oubliés les misères que l'ont endurent.


Pourquoi une équipe composée d'une dizaine de membres?

Je voulais une équipe forte car au sud du sud on ne peut compter que sur nous même, les secours en montagne ici sont inexistants, il y avait Pierre Muller Guide et Médecin urgentiste et plusieurs d'entres nous ont déjà fait du secours. Nous étions donc en autonomie totale.


Vous avez connu vos premiers soucis en bateau, peux-tu nous donner des détails?
Comment avez-vous servi de support à une étude scientifique?


Les premiers ennuis sont venus de la mer, au Cabo Froward les vagues étaient telles que nous n'arrivions pas à passer le détroit de Magellan, nous avons attendu 3 jours dans une crique, et chaque jour nous faisions une tentative mais très rapidement il fallait revenir à l'abri.
Il a fallut nous résoudre à changer de stratégie et revenir à Punta Arenas et prendre un bateau, plus grand et en acier, qui lui pouvait affronter des creux de 4 ou 5 mètres à Froward et ensuite à Brecknok.
Nous avons servi de support à une étude sur le management et le leadership stratégique en situation dite extrême Etude financée par l'ANR. C'était très passionnant pour nous et instructif pour le groupe de chercheuses de l'université de Nanterre, Sofia Antipolis de Nice et HEC Montréal au Québec


Parles-nous du climat très rude, où le vent est extrêmement violent.

C'est difficile d'en parler, il faut le vivre pour vraiment comprendre, ce qui est le plus marquant c'est la rapidité et la violence des tempêtes, imagine 40 centimètres de neige posée sur un glacier qui disparaît en moins de 5 minutes pour ne laisser que la glace vive. Imagine une mer calme qui en 15 minutes se déchaîne pour arriver à une force 11 et tout ceci n'est actuellement pas prévisible même pour le meilleur météorologue du monde. C'est de la magie, magie bleue, magie blanche.


Avez-vous pu réaliser quelques belles voies?

Nous avons réalisé quelques sommets vierges, mais des sommets secondaires, la cordillère ne s'est jamais dévoilée suffisamment pour nous laisser la pénétrer.


Pour toi, qui a réalisé plus de 20 expéditions dans l'Himalaya et signé de nombreuses premières mondiales, quel est ton meilleur souvenir?

Pour moi il n'y a que des bons souvenirs, sur cette expédition ce que j'en garde c'est surtout la fabuleuse entente dans le groupe malgré les difficultés, nous sommes partis une bande de copains et nous sommes revenus un groupe d'amis.


Et le pire?

Ce serait de ne pas tous revenir et ça je ne l'ai jamais vécu, j'ai eu beaucoup de chance.


Penses-tu qu'un jour le défi de la cordillère de Darwin pourra être relevé et gagné?

Oui je le pense, il faudra beaucoup plus de temps et de la chance


Quels sont tes projets? Solder cette expédition et repartir, ou?

Pour l'instant je prépare mes voyages avec des clients, Groenland, Pologne, Nouvelle Zélande et bien entendu des raids dans les Alpes et les Dolomites ensuite j'ai déjà une petite idée pour repartir avec cette équipe.


Merci à Yvan, de nous avoir accordé quelques moments de ton précieux temps, et à bientôt pour de nouveaux défis.

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