les Drus l'Everest les seven summits les quatorze 8000 les trekking peaks Frison Roche Bonatti  




Premieres
1992 - du 28 avril au 8 mai --------- voie "Lionel André" dans la face Ouest
1994 - du 6 mars au 16 mars ------- Soutien aux SDF
Marc Batard


Lorsqu'il entreprend de tracer une nouvelle voie dans la face ouest des Drus, Marc Batard a le sentiment de démarrer une grande aventure. En effet, il part avec un mois de nourriture et de matériel, seul, sans liaison radio avec la vallée et totalement confiant dans ses capacités. "Une voie dans le Dru, ça permet de gagner de la notoriété auprès des médias, donc des sponsors. Et ausi de me faire plaisir tout en me préparant mentalement et physiquement pour des objectifs plus pointus en Himalaya. J'ai joué sur mes antécédents : une grande résistance et une solide expérience au niveau du pitonnage."

Mais en ce début de printemps, le mauvais temps est encore souvent au rendez-vous. Heureusement, il dispose d'une tente-bivouac qu'il a lui-même mise au point avec un fabriquant et qui lui permettra de patienter pendant les quelques longues journées de mauvais temps où il ne pourra pas bouger.

les Drus
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Marc Batard vu d'hélicoptère dans la paroi des Drus
Dessin de Magali Pocino

La voie qu'il tente d'ouvrir s'avère être une escalade d'une extrême difficulté constitué de dalles lisses ou d'énormes surplombs entrecoupés de passages moins athlétiques mais se déroulant sur du rocher délité, de mauvaise qualité. "Je me sens vidé, fourbu. La barre de surplombs gigantesques qui m'attend juste au-dessus est impressionnante et j'appréhende le moment où je l'aborderai. (...) Sur les photos, on voit que ça passe, mais quand je suis arrivé, j'ai découvert un énorme pan rocheux qui sonnait creux ! Des milliers de tonnes de rochers qui tiennent on ne sait comment... Dans ces moments-là, on a peur."

Physiquement très éprouvante, cette ascension comprend, par ailleurs, de grandes difficultés techniques d'escalade qui, s'ajoutant à l'abrasivité de la roche et aux grandes différences de température, finissent par brûler la peau des doigts et des mains du grimpeur. Jour après jour, l'aventure se poursuit et le sommet approche. "Ce soir (6 mai), j'ai le sentiment du devoir accompli. J'ai réussi à équiper les 100 mètres prévus bien que la glace accumulée dans les fissures m'ait donné du fil à retordre".

Enfin, le 8 mai, Marc Batard atteint le sommet. Il lui aura fallu 18 jours pour venir à bout de cette première en solitaire, nouvelle ligne directe venant sillonner les 1000 mètres de paroi de la face ouest des Drus.

"Je reviens dans les Drus parce que c'est la plus belle flèche de granit du massif du Mont-Blanc". Ainsi s'exprime Marc Batard quand il se met en route pour tenter d'ouvrir une nouvelle voie dans la face ouest. "Il y a encore de magnifiques parcours inviolés dans de grandes faces".

Il effectue une première tentative, en décembre 93, qui lui permet de gravir une centaine de mètres très difficiles. Mais une chute de pierre viendra malencontreusement défoncer sa tente-valise et le forcera à faire demi-tour.

Le dimanche 6 mars suivant, il repart, équipé de sa tente-valise réparée et d'une quarantaine de kilos de matériel. Neuf jours lui seront nécessaires pour réussir cette voie, une des expériences les plus difficiles qu'il ait vécue.


"Dans la nuit de samedi à dimanche, vers 3 heures du matin, alors que je dormais, je suis réveillé par un choc très violent et immédiatement une douleur terrible. Une grosse écaille s'est détachée et est venue s'écraser sur ma tente. Heureusement, l'arceau a dévié la trajectoire de la pierre qui a atterri sur mes chevilles. Le temps de réagir, de trouver ma lampe, je n'osais pas regarder mes pieds, persuadé qu'ils étaient en bouillie... En fait, je pouvais bouger, ce n'était pas si grave parce que l'arceau de la tente avait amorti le choc. Du coup, je ne pouvais plus la fermer et donc la déplacer et une peur plus insidieuse ne m'a plus quitté : à quand la prochaine pierre ? N'était-ce pas le signe avant-coureur d'un éboulement plus important comme cela arrive en montagne ? Un vrai cauchemar !"

Si l'accident en soi reste bénin, ses conséquences morales sont loin d'être négligables pour le grimpeur qui, seul au milieu de sa paroi, peut imaginer le pire. Heureusement, après une période de temps instable, la météo est à nouveau optimiste.

Marc Batard retrouve le moral et l'envie de réussir. Et c'est à bout de forces, mais heureux qu'il termine sa voie, laquelle vient rejoindre la Directissime Française.

Beaucoup d'escalade artificielle dans la première partie, davantage de libre dans la deuxième, Marc Batard pense, à l'époque, que cette ascension doit pouvoir être réalisée entièrement en libre en été et en chaussons. Il y a laissé l'équipement : une trentaine de spits, relais compris.

Matériel : Tente-valise

Valise en polyuréthane qui, quand on l'ouvre, laisse déployer une toile soutenue par un arceau central. A l'intérieur, des casiers de rangement où peuvent rester à demeure le réchaud, les vivres, etc. Dimensions fermée : 9O cm de hauteur, 50 cm de largeur et 30 cm d'épaisseur. Poids vide : 12 kg

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