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1989 - 31 janvier ----- Premiere hivernale en solo du pilier Bonatti
Alain Ghersen


Dans la droite ligne des Alain, Paragot et autres Berardini, c'est en "Bleausard" qu'Alain Ghersen aborde la montagne. Il dit lui-même être probablement l'un des derniers, les autres adeptes des rochers de Fontainebleau étant peut-être, déjà à cette période, davantage motivés par l'escalade pure, type falaise ou bloc.

Il aime la montagne et, bien entendu, ses séjours à Chamonix seront de plus en plus longs, de plus en plus rapprochés... jusqu'au jour où il s'installera définitivement dans la vallée.

En 1989, un premier virage est pris avec, à l'appui d'une belle liste de courses, la perspective du diplôme d'aspirant-guide. Le mois de janvier est beau, les conditions en montagne plus que favorables... C'est en puriste qu'Alain Ghersen se met en route, seul, pour le pilier Bonatti. Pas question, pour lui, de se faire apporter - ni moralement ni matériellement - une aide extérieure: pas de radio, pas d'hélicoptère qui l'attende au sommet... Il souhaite réaliser une vraie performance sportive qui soit en rapport avec ses propres moyens physiques, ceux qu'il a acquis au fur et à mesure de ses nombreux entraînements.

"J'aime les valeurs de la montagne, antinomiques de celles de la société. En montagne, on n'est tributaire que de soi-même, des conditions, du milieu. Je retrouve une plénitude par rapport à la montagne qui me permet de me remettre en question".

Comme n'importe quel athlète, sa performance sera révélatrice de sa préparation physique et morale, de sa concentration pendant l'effort, de sa force de volonté enfin, basée sur un jugement sain. Bien entraîné et peu chargé, il veut parcourir sans radio cet itinéraire, l'un des plus beaux du massif, 500 mètres d'escalade d'un seul jet. Les conditions sont bonnes, le beau temps est là, la paroi est sèche même si nous sommes en hiver.

Cette idée d'ascension en solitaire, qu'il a en tête depuis un an déjà, il la met à exécution ce 31 janvier. Connaissant bien la voie qu'il a déjà parcourue, il en a analysé toutes les difficultés, dont certaines de premier ordre : escalade artificielle, passages de 6b et 6c... et il ne lui faudra que huit heures pour venir à bout de ce magistral pilier !

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