|
1966 - du 18 au 23 aout ---------- sauvetage dans la face ouest
|
|
Depuis plus d'une semaine, deux alpinistes amateurs allemands sont bloqués
dans la face ouest. Ni blessés, ni épuisés, ni malades...
mais tout simplement incapables de faire un pas de plus dans cette face
beaucoup trop immense, beaucoup trop raide, beaucoup trop difficile pour
eux. Embarqués dans une aventure largement au-dessus de leur niveau,
ils vont être à l'origine d'une des plus grandes opérations
de secours en montagne.
Au-delà de la polémique qui a, en son temps, largement
alimenté des conversations et les reportages journalistiques, cette
opération de sauvetage reste surtout le symbole d'un très
grand moment du secours en montagne où tous les acteurs, à
quelque niveau que ce soit, se sont impliqués personnellement, au
prix de la vie - hélas - pour l'un d'entre eux. Tout faire pour sauver
ces deux hommes perdus : telle a été la motivation de chacun,
transformant ainsi leurs performances en véritable exploit.
Les premiers sur le terrain sont les militaires de l'E.H.M. (Ecole Militaire
de Haute-Montagne). C'est le hasard du &laqno;tour de rôle»
de la Société Chamoniarde de Secours en Montagne qui a désigné
cet organisme pour effectuer les secours pendant cette période-ci.
Leur solution : passer par le sommet et descendre le long de la paroi pour
rejoindre les deux hommes blottis sur leur terrasse en face ouest.
Dès le premier jour, des cordées de militaires montent
au refuge de la Charpoua, puis continuent dans la voie normale du Petit
Dru afin de bivouaquer, le soir-même, à une soixantaine de
mètres sous le sommet. Le dispositif est très lourd. Une quarantaine
de personnes s'échelonnent ainsi, tout au long de l'itinéraire.
Tous ne sont pas formés pour une opération de ce genre, et
certains peinent, d'autant plus que le mauvais temps arrive. Déjà,
au-dessus de 3500 mètres d'altitude, la neige et le verglas leur
font obstacle.
|
|
|
Dès le lendemain, des cordées de pointe - parmi lesquelles
les guides Méot, Fontaine et Coudray - arrivent en renfort. On attend,
par ailleurs, un treuil qui doit être largué au sommet par
hélicoptère ; mais les conditions climatiques ont encore empiré,
et la tentative échoue. Néanmoins, et malgré un temps
épouvantable, les alpinistes parviennent tout de même à
équiper la descente de 120 mètres de cordes.
Ce même jour, voyant avec quelle rapidité les conditions
en haute montagne se détériorent, d'autres cordées
d'alpinistes se mettent en route afin de rejoindre la face ouest : l'Américain
Garry Hemming, deux Allemands, Mauch et Gehrad, quatre Français,
Gilles Bodin, François Guillot, Vincent Mercié et René
Desmaison et l'Anglais Burk. &laqno;Ces cordées de la face ouest,
en tout 8 sauveteurs techniquement très capables, montent rapidement,
bivouaquent le 19 au soir, font leur jonction, escaladent le dièdre
de 90 mètres dans la journée du samedi mais ne peuvent atteindre
la vire du pendule et sont contraints de bivouaquer encore le 20 au soir
sans avoir pu rejoindre les sinistrés étant donné les
grandes difficultés de l'itinéraire».
|
Le mauvais temps s'est installé. En altitude, il neige et les
conditions deviennent vraiment très très difficiles pour les
sauveteurs. Pourtant, quatre autres guides prendront bientôt le chemin
des Drus afin de prêter main-forte aux nombreux hommes qui bagarrent
depuis plusieurs jours déjà dans la montagne. Yves Pollet-Villard,
Yvon Masino, Gérard Devouassoux et Marcel Burnet (Christian Mollier
?) empruntent l'itinéraire de la face nord. Après un premier
bivouac, ils arriveront très rapidement à quelques mètres
des deux Allemands, non sans avoir équipé leur itinéraire
en vue de la descente prochaine des deux hommes maintenant très affaiblis
par cette longue attente dans le froid et la solitude. C'est de là
qu'ils assistent, sans pouvoir intervenir, à l'accident mortel de
l'Allemand Egle, un compatriote des deux rescapés qui, spontanément,
s'est engagé avec les équipes des sauveteurs.
Cette descente s'effectuera finalement par la face ouest. Les deux rescapés
sont vivants : le but est atteint et il paraît justifié de
&laqno;faire ressortir les efforts considérables qui ont été
déployés sur les trois itinéraires convergents où,
chacun avec ses capacités propres, s'est dépensé sans
réserve en courant des risques considérables.
|
|
|
|