" Pour réussir une hivernale, le meilleur des équipements
ne suffit pas, il faut en plus une excellente forme physique (...). Pour
conserver le bénéfice de la saison d'été, une
grande discipline est indispensable. La présence de la neige et de
la glace sur le rocher, les basses températures, les jours plus courts
rendent les ascensions infiniment plus périlleuses. La lutte de l'organisme
contre le froid épuise autant, si ce n'est plus, que les efforts
produits pour surmonter les difficultés de l'ascension."
Tel est l'état d'esprit de René Desmaison et de son compagnon
lorsque, le 10 mars 1957, ils se mettent en route pour rejoindre le Rognon
des Drus. "De Chamonix au pied des Drus, 1 800 mètres de dénivelé.
Enfonçant par moments dans la neige jusqu'aux cuisses, alourdis par
les vingt kilos ajustés à notre dos, il ne nous faut pas moins
de six heures pour atteindre le Rognon des Drus. Nous nous y accordons un
repas et un repos d'une heure. En été, on va de ce point à
la rimaye du couloir en vingt minutes. Mais la neige est si profonde - nous
en avons jusqu'au ventre maintenant - que nous devons contenur une véritable
tranchée. C'est un travail pénible..." |