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1952 - 30 juin ---------- Première en face sud
André Contamine et Michel Bastien


En ce début d'été 1952, on reste sous le choc de l'énorme éboulement qui s'y est produit l'année précédente dans la face ouest, et dont les nuages pulvérulents sont venus plâtrer les premières maisons des Bois.

Moniteur de ski et guide de haute-montagne, André Contamine est également professeur à l'Ecole Nationale de Ski et d'Alpinisme - à l'époque située aux Praz. Il est comme touyt le monde, cette montagne l'attire, mais il vise plutôt la face sud, un grand pilier, magnifique, dominant le refuge de la Charpoua. Cette première ne sera pas l'unique du genre : en effet, ce grand technicien du cramponnage est également un grand technicien de la varappe. Il possède, en outre, une grande intuition quand il s'agit de deviner et de découvrir de nouvelles voies et une trentaine d'entre elles deviendront par la suite de grandes classiques.

André Contamine, accompagné de Michel Bastien, se lance dans l'aventure. Voilà trois ans déjà qu'il ambitionne de gravir ce bel éperon, scrutant, depuis le bas, les détails de la roche, imaginant un itinéraire - qui ne semble pas évident -, supputant les difficultés, prenant des photos... Bien individualisée, cette arête s'élève sur environ 800 mètres de dénivelé au-dessus du glacier de la Charpoua.

les Drus
les Drus

Ils quittent le refuge à quatre heures et demi du matin. Une heure plus tard, ils sont au pied de la voie et à midi et demi, ils atteignent le sommet.

"Cet horaire extrêmement rapide s'explique par le fait que Contamine et Bastien, excellents grimpeurs, particulièrement bien entraînés déjà en ce début de saison, ont pratiquement grimpé toute l'arête en escalade libre."

"Nous n'avons utilisé que sept pitons, a déclaré André Contamine. La structure du rocher ne se prêterait pas, du reste, à un pitonnage intensif ! Une seule fois, nous avons utilisé les étriers ; une seule fois fois nous avons dû faire une courte échelle. L'itinéraire comprend deux ou trois passages de sixième degré, six ou sept passages de cinquième degré supérieur, le reste se situant, sans le moindre passage réellement facile, entre le quatrième supérieur et le cinquième."

" Même s'il est beaucoup plus court et se développe dans une ambiance beaucoup plus favorable, le nouvel itinéraire est plus difficile que celui de la face ouest de la Noire de Peuterey, la face est des Grandes Jorasses et la voie Gervasutti à la pointe Gugliermina."

L'escalade, sévère, contamment soutenue, nécessite de réelles qualités athlétiques. Elle sera classée ED, c'est-à-dire Extrêmement Difficile, dans le jargon de l'époque.